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ORIGINES DU PEUPLE MANJAK

ORIGINES DU PEUPLE MANJAK

TRAVAUX INEDITS DE RAYMOND MENDY
Pr d’Histoire et Géographie au Centre Académique
D’Orientation Scolaire et Professionnelle de Ziguinchor

L’Histoire du Peuple MANJAKU (MANJAK ou MANJAQUE, MANDIAGO, NDIAGO) n’a jamais été contée ou rédigée dans sa globalité. Quand elle est évoquée, elle est tronquée, déformée ou émaillée de complexes. C’est cet état de fait qui m’a suggéré de longues années de recherches et d’enquêtes afin de corriger ce préjugé. Voici en quelques mots le résumé de ces travaux inédits.

II-A/ORIGINE DU PEUPLE MANJAKU (MANJAK, MANJAQUE)

Il est difficile, dans l’état actuel de nos connaissances, d’établir avec précision l’origine lointaine du peuple MANJAKU. En effet, pour réaliser une telle entreprise, il faut confronter différentes sources de l’HISTOIRE à savoir l’archéologie, l’anthropologie, la linguistique, la tradition orale, etc. Aujourd’hui, pour ce qui concerne l’archéologie, nous ne connaissons pas de travaux réalisés en Guinée Bissau, notre foyer actuel, ni dans le pays manjaku (Nord-Ouest) en particulier.
Cependant, l’origine des Manjaku (Manjack) ne doit pas être cherchée séparément des autres peuples qui habitent actuellement la lisière du fleuve Sénégal au nord jusqu’au golfe du Bénin au sud. En effet, les Préhistoriens et Historiens admettent que le peuplement de l’Afrique subsaharienne procède du surpeuplement, puis du dessèchement progressif du Sahara qui se sont accentués à partir du Néolithique il y a de cela au moins 10.000 ans.

Ces populations sahariennes à la recherche de points d’eau permanents, de pâturages, de gibiers et de terres fertiles entament une migration vers la vallée du Nil d’abord, puis vers la vallée du Sénégal, du Niger et du lac Tchad ensuite.

Ainsi, ces migrations qui s’opèrent au Néolithique s’accentuent d’abord vers la vallée du Nil où ces populations noires vont créer la célèbre civilisation de l’Égypte pharaonique il y a au moins 3000 ans avant Jésus Christ. Ce pays très prospère connaîtra plus tard des crises internes (Guerres civiles) mais aussi les invasions des peuples non africains (Hittites, Assyriens, Grecs, Romains, Perses et Arabo-Turcs). Ces invasions successives entraîneront des vagues de migrations en direction de l’Afrique Sahélo-Soudanienne

Il n’est donc pas exclu qu’à l’instar des Lébous, Wolofs, Soninkés, Peuls, Sérères, Diolas, Malinkés, Songhaïs, Mossis, le peuple Manjaku fasse partie de ces migrants. En tout cas, il s’est développé autour du fleuve Sénégal et du fleuve Niger de grands empires et royaumes entre l’Antiquité et le Moyen Age : Ghana, Aoudaghost, Mali, SonghaÏ, royaumes Mossi, Cités Haoussa, le Djolof….. Vers le 10e siècle, l’Islam devient la religion prépondérante dans bon nombre des royaumes de la région. Les peuples réfractaires à cette religion continuent leur diaspora vers le Sud. Tel est le cas des Manjaku qui se replient et s’installent au Nord-Ouest de l’actuelle Guinée Bissau, le long de la côte Atlantique dans une zone forestière et marécageuse, accessible que par la mer et les nombreuses rivières dont le Rio Cachéu, qui est une sorte de Nil pour le peuple Manjaku.