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Les Manjaks et les défits historiques

EXPOSE INTRODUCTIF DE SECKOU NDIAYE, A LA CONFERENCE D’ERPCM DU 03 JUILLET 2004 A PARIS, SUR LE THEME « CODIFICATION DES LANGUES ET INTEGRATION AFRICAINES : LE CAS DU SENEGAL. « La langue est le contenant et le contenu culturel, la boîte noire de la civilisation d’un peuple. « Tant qu’un peuple n’a pas perdu sa langue, il peut encore espérer », disait un esprit éclairé. « La plénitude culturelle ne peut que rendre un peuple plus apte à contribuer au progrès général de l’Humanité et à se rapprocher des autres peuples en connaissance de causes », disait Cheikh Antat Diop. A chaque fois qu’il se heurte aux critiques des penseurs occidentaux, Senghor n’hésite pas à dire : « J’écris d’abord pour mon peuple, et il s’agit moins de comprendre le réel que le sous-réel et le surréel ». Quant à Césaire, il dit et précise à ses frères Noirs : « Ce qu’il nous faut, c’est une société riche de la puissance productrice moderne, et chaude de la fraternité antique ». La question qui s’impose est : Quel est, dans le cadre de la Renaissance africaine, le rapport entre Senghor, Césaire et Cheikh Anta Diop ? Pour fixer les idées, nous allons procéder par une projection mathématique des débats, à travers des axes orthonormés. Dès lors, il vient ce qui suit : En supposant que X1 = T (tradition) et X2 = A (Avenir) ; Y1 = P(Passé) et Y2 = F(Futur) ; 0 = présent ou actualité, tout semblerait se passer comme si l’Afrique mère, située dans le « quart sud-ouest de la figure, avait appelé depuis les Antilles situées dans le « quart nord-ouest, un de ses enfants –Aimé Césaire - en mal d’identité culturelle, que l’histoire avait arraché. Tout se passe aussi comme si l’Afrique, pour sauver cet enfant, avait missionné un autre de ses enfants – Léopold Sédar Senghor – qui était, lui, suffisamment enraciné, du fait d’avoir été épargné par cette mise en contact douloureuse des civilisations africaine et européenne. La rencontre aura lieu à Paris, Ville Lumière que nous situons sur le demi axe (0,X1). A Paris, les nuits durant, Senghor aura à parler à Césaire. Les nuits durant Césaire aura à écouter Senghor. Les nuits durant ils parleront de l’Afrique. Au sortir de ces longues nuits de discussion sur l’Afrique et ses valeurs, chacun découvre sa mission : Césaire c’est le retour vers Passé, Senghor l’ouverture vers le Futur. Cette divergence vision posera un problème d’interprétation, au point que deux camps vont se dessiner : le camp de Césaire reprochant au Camp de Senghor de déracinement et d’aliénation ; le camp de Senghor accusant celui de Césaire de vouloir un africanisme facile. Cela veut dire que je peux ne pas manger avec la fourchette, mais je ne suis pas obligé de manger avec la main, mes ancêtres ayant inventé aussi la cuillère. Il a fallu attendre l’avènement de cheikh Anta Diop dont la synthèse rendra moins agressif toute interprétation sur l’un ou l’autre pour la Renaissance Africaine, à l’instar de Saint-Thomas d’Aquin sur Saint-Augustin et Aristote pour la Renaissance européenne. « On mesurera alors combien est impropre, quant au fond, la notion si souvent ressassée, d’importations idéologiques étrangères en Afrique : elle découle d’une parfaite ignorance du passé Africain. Autant la technologie et la science moderne viennent d’Europe, autant, dans l’Antiquité, le savoir universel coulait de la vallée du Nil vers le reste du monde, et en particulier vers la Grèce, qui servira de maillon intermédiaire. Par conséquent, aucune pensée, aucune idéologie n’est par essence, étrangère à l’Afrique, qui fut la terre de leur enfantement. C’est donc en toute liberté que les Africains doivent puiser dans l’héritage intellectuel commun de l’Humanité, en se laissant guider que par des notions d’utilité, d’efficience » - Cheikh Anta Diop, Introduction à la civilisation ou barbarie Dans cette figure de démonstration introductive de la conférence ou de projection des débats qui vont suivre, s’imposent deux remarques : 1° Si X1=T=0=X2 = A, alors Y = P et Y=F tendent vers l’infini : C’est le rêve absolu, l’Utopisme, donc pas de développement 2° Si Y1=P=0=Y2=F, alors X1=T et X2=A tendent vers l’infini : c’est mauvais également : pas de rêve : c’est la stagnation. Il faut donc un savant dosage entre le pragmatisme et le rêve, c’est-à-dire entre la Tradition et l’Avenir, le Passé et le Futur, la tradition étant l’expression de réalité du Passé, l’Avenir celle du Futur. La Tradition étant l’objectif qui été fixé à l’époque où le Passé était le Futur, l’avenir se présente comme l’objectif que nous nous fixons dans le Futur, pour ne pas, comme nos ancêtre, naviguer à vide. Tous les actes de la vie ont leur réponse, soit dans la tradition, soit dans l’Avenir. Tout travail intellectuel se résume entre le commentaire et le résumé : Quand la situation est très éclatée, et donc confuse, on nous demande de la rendre compréhensible, c’est dire ramener le tous à quelque chose de saisissable, compréhensible, pour fixer également les idées. Quand, au contraire, une situation est très compacte, condensé, elle devient incompréhensible. On nous demande alors de la rendre compréhensible, en l’éclatant pour libérer des éléments qui pourraient nous aider à en saisir le sens Ce dosage ou mouvement d’aller et retour rappelant les notions de Ying et de yang, d’inspiration et d’expiration nous a amenés à donner à notre démarche, le nom de Théorie des poumons culturels » que nous soumettons au SYNTHESE D’ORIENTATION DU PROFESSEUR KAPET D EBANA La langue, dit le Professeur Kapet de Bana, est la vie des mots, l’expression, le sens, le langage, l’affirmation des principes, l’action de faire naître, éclairer et développer des choses. Les langues diffèrent par nuance pour affirmer leur souveraineté. La langue est au centre, au cœur du culturel, du traditionnel pour réveiller le sens de la vie ». C’est avec la langue qu’on apprivoise l’humanité, qu’on s’exprime dans sa volonté, ses besoins, ses profondeurs, ses désirs, ses ambitions, ses entreprises. La langue est l’expression du concret, le contraire du silence, comme l’a si bien dit Seckou Ndiaye : « la boîte noire de la civilisation d’un peuple ». Ceux qui ne développent pas leurs langues sont faux, et donc malheureux. Parler de la codification, c’est évoquer l’alphabet, la phrase, la conversation qui fait qu’un dialecte codifié puisse devenir une langue de communication qui évolue. Et qui suggère, invente pour que la codification ait tout son sens ? C’est le paysan au contact de la nature et non l’intellectuel dont la mission cependant est d’organiser ce que le paysan suggère. Tout ce qui n’est pas codifié n’est pas solennel, scientifique, pérenne, mis en facteur, en formule, catégorisé, quelque chose qui a ses propriétés, que l’on ne peut plus ignorer. On codifie une langue pour fixer les différentes démarches expérimentales. Puis, on crée une académie pour surveiller les formes codifiées. La démarche de Seckou Ndiaye est une démarche de positionnement et de construction intellectuelle qui suit le cheminement d’un raisonnement implacable du raisonnement. On commence par définir l’espace du raisonnement, les éléments de concordance et de l’emploi du temps « Hier, Aujourd’hui et Demain, Passé, Présent, Futur, Tradition, Actualité, Avenir, etc. La Théorie des Poumons culturels de Seckou Ndiaye relève de cette logique-là. Il commence par situer les choses entre trois grandes figures historique de l’Afrique, bâtir sa théorie à partir d’eux, pour ne pas partir de zéro, prenant la formule mathématique pour asseoir son idée, ne pas flotter, positionner et figer son point de départ, ce qu’il veut démontrer. C’est comme cela qu’il faut procéder pour découvrir, en cherchant à répondre aux cinq questions « Quoi, qui, Comment, Où et Quand ? », si l’on veut que les choses qu’on présente soient intangibles incontestables. Ces sont ces cinq questions nous ramènent toujours au Passé, au Présent, nous font faire des projections dans le Futur, et ce sont ce projections qui prennent le nom « Avenir », parce qu’ils constituent des choses qu’on extrait du Futur, pour les mettre à la dimension humaine. On dit qu’on « avenirise » le Futur., c’est-à-dire que l’on définit l’emploi du temps par rapport au praticable, au « professionnalisable ». C’est ainsi qu’on construit l’Humanité. Une fois que l’on s’est posé le problème en inventeur, en pionnier, il restera à le poser quadri logiquement, en interrogeant la Nature, l’Homme, la Société et l’Histoire pour que les choses soient incontestables…… On peut étudier et être incapable, mais le fait d’être inconscient est encore plus grave que d’étudier et ne pas savoir faire. Quand on vous terrasse, ce n’est pas un problème : il y a toujours quelqu’un de plus fort que soit ; mais ne pas savoir pourquoi on t’a terrassé, c’est grave ! Cela veut dire que tu vis sans connaître tes amis, tes ennemis ou tes obstacles. Il faut toujours chercher à savoir d’où viennent les coups qui te frappent. On mauvais diagnostic tue le malade, au lieu de le soigner. Le Passé, qu’il soit positif ou négatif, est toujours là, pour nous rappeler d’où nous sommes partis, pour être ce que nous sommes devenus. Il ne faut jamais oublier le Passé. L’Avenir est toujours influencé par le Passé, que nous le voulions ou non, négativement ou positivement. Tout ce que l’on construit, ce que l’on est, ce que l’on n’est pas, est toujours conditionné par le Passé, le Présent et le Futur. Je voulais préciser cela avant d’avancer. Fin